La période actuelle avec ses confinements successifs a induit de profonds bouleversements dans la vie familiale de chacun et il peut être difficile de garder son équilibre émotionnel en famille.

Pour certains, cela a été vécu comme une bénédiction : des enfants ravis de rester à la maison quand l’école est source de stress, des adultes trop heureux de trouver enfin du temps pour se détendre, se recentrer autour de l’essentiel.

Quoi qu’il en soit et chacun à notre niveau, ces changements ont révélé en nous des difficultés et des blocages qu’il nous a fallu dépasser, en trouvant de nouvelles ressources intérieures.

Pour la plupart d’entre nous, cela a généré beaucoup de stress, de situations anxiogènes qui ont mis à mal notre équilibre émotionnel : pendant ces périodes de confinement et de fermeture de classes, nous avons dû rester tous ensemble à la maison, en télé travaillant, et s’improvisant dans le métier d’instituteur ou de professeur, tout en gérant les courses, le ménage, en conciliant les rythmes et les besoins de chacun : rien d’évident !

J’aimerai parler ici de la relation quotidienne à nos enfants pendant cette période si particulière, du stress parental, et du défi d’être à l’écoute de nos besoins personnels, de se respecter, pour garder notre équilibre et nous épanouir.  Comment assurer leur éducation et se sentir un parent suffisamment bon tout en se donnant l’autorisation de s’occuper de soi, de ses besoins physiques, émotionnels, relationnels…et finalement d’être un bon parent pour soi-même. Un vrai challenge.

Mais ce challenge en vaut la peine. Car le relever peut nous amener à faire de la parentalité une fabuleuse voie d’évolution personnelle.

 

Comprendre la relation parents /enfants

 

En effet les enfants viennent systématiquement mettre en lumière nos zones d’ombre, nos croyances limitantes, nos émotions négatives refoulées … C’est aussi leur rôle car, en les mettant au monde, nous concluons avec eux ce qu’on pourrait appeler un « contrat d’âme d’évolution réciproque » : Nous sommes là pour les élever et ils sont là pour nous faire grandir.

Je parlerai dans cet article au féminin. D’abord parce que je suis une femme, une mère, et que je me sens profondément concernée par ce sujet. Mais aussi parce que ce sont encore bien trop souvent les femmes qui assurent les principales taches concernant les enfants, et la charge mentale qui va avec. Parce que ce sont les femmes qui ont naturellement tendance à être à l’écoute des besoins des autres et à y répondre, alors que les hommes écouteront beaucoup plus facilement leurs besoins personnels. Ne voyez aucun jugement dans mon propos, c’est en grande partie dû à l’éducation que nous avons reçu et aux archétypes qui ont la vie dure.

Si des messieurs lisent cet article et se sentent concernés, c’est une très bonne chose.

 

Écouter ses besoins : un choix nécessaire 

 

Être parent, c’est à la fois s’occuper des besoins de ses enfants, tout en gardant assez d’énergie et de temps pour s’occuper des nôtres. C’est là que se trouve la condition de notre équilibre physiologique, psychologique, relationnel, spirituel.

Dans l’idéal, c’est toute la gamme des besoins mis en évidence par la pyramide de Maslow que nous devrions combler pour nous épanouir vraiment. Cette pyramide, appelée aussi « pyramide des besoins », a été théorisée dans les années 1950 par le psychologue américain Abraham Maslow. Cette analyse priorise nos besoins et nous permet aussi de voir que pour accéder à un véritable sentiment de réalisation de soi, nous ne pouvons nous contenter de nous occuper de nos besoins primaires.

liste des besoins

Mais nous sommes bien souvent débordées… absorbées dans les urgences et les priorités quotidiennes. Nous arrivons à peine à combler nos besoins de survie et de sécurité. C’est bien souvent les besoins essentiels qui sont comblés sans même avoir le temps de songer aux autres. Quelle place laissons-nous dans notre vie quotidienne aux besoins de ressentir de l’estime pour soi-même, d’affirmer nos valeurs, a l’aspiration à devenir qui nous voulons être, aux besoins de se connaitre, de créer… ?

 

Connaitre et comprendre vos besoins essentiels

Le fait de consulter cette liste régulièrement peut vous aider à prendre conscience de vos besoins essentiels, à mieux les respecter et à les remettre au centre de votre vie. Cette liste est non exhaustive. Chacun peut la compléter et l’affiner.

Soin de notre corps 


Repos, relaxation, air, exercices, alimentation, protection, repos, expression sexuelle, abri, toucher…

Relation avec nous-même 


 Réussite, reconnaissance, authenticité, défi, clarté, compétence, créativité, intégrité, connaissance de nos dons et talents, mettre du sens dans sa vie, intimité, développement de nous-même, expression, estime de soi.

Relation avec les autres


 Appréciation, appartenance, partage des joies et des chagrins de la vie, proximité, communauté, considération, considération émotionnelle, empathie, honnêteté, interdépendance, gentillesse, amour, réassurance, respect, partage de nos dons et talents, soutien, compter pour quelqu’un, confiance, compréhension, choix, positionnement

Relation avec le monde 


 Beauté, relation avec la nature, harmonie, inspiration, ordre, paix.

Amusement. Jeu. Plaisir


Apprentissage


 

Connaitre ses besoins et les respecter pour ne pas s’abandonner

Alors oui bien-sûr une journée n’a que 24 heures et nos responsabilités sont nombreuses, mais parfois toutes ces occupations sont aussi une excuse à s’oublier, à ne pas voir que derrière la course quotidienne justifiée par notre rôle de parent, se cache l’abandon et la mésestime de soi, la peur d’aller regarder ce qui se passe en nous, les émotions négatives et les contradictions intérieures que nous ne voulons pas rencontrer, regarder, apprivoiser.

S’écouter, se respecter et s’occuper de soi est un choix, c’est une décision qui doit se prendre quand nous réalisons à quel point nous sommes capables de nous maltraiter : quand nous ne respectons pas nos besoins, nous mettons vite à mal notre équilibre :  nous sommes fatiguées, vidées, en stress perpétuel. Nous pouvons même tomber dans le piège du ressentiment dans lequel nous allons rendre les autres et les circonstances de notre vie responsables de notre mal être. Nous allons alors nous victimiser, perdant ainsi la responsabilité de notre propre vie, remettant notre pouvoir aux autres et aux situations extérieures.

 

 

Comment mon enfant m’aide à prendre conscience de mes besoins et à m’écouter

jeu, enfant, liberté

Ces besoins, ces contradictions, ces blocages émotionnels dont je ne m’occupe pas mais que je mets forcement en scène avec mes proches, mon enfant va systématiquement les mettre en lumière pour moi. Avez-vous remarqué que si vous êtes stressées, angoissées, frustrées, tendues… votre enfant ce soir manifestera cela dans son comportement ? Il se mettra en colère, il sera maladroit, tendu, opposant, irritable, inquiet.

Si par contre je me sens disponible à moi-même et donc aux autres, détendues, sereine, prête à accueillir l’instant présent avec ouverture et humour, tout sera beaucoup plus fluide aussi chez lui.

Les enfants réagissent toujours non pas à ce que nous disons « il faut faire comme cela dans la vie… » mais toujours à notre ressenti intérieur, l’état d’être que nous dégageons, qu’ils captent mieux que quiconque. Ce sont “nos éponges” émotionnelles, mais aussi un fabuleux miroir qui va révéler les difficultés intérieures dont nous n’avons pas conscience, les besoins que nous négligeons, les rôles dans lesquelles nous nous sommes enfermées et qui nous font souffrir.

Et si nous pouvions nous servir de toutes ces occasions pour aller regarder ce qui se passe vraiment à l’intérieur. Pour écouter nos souffrances et nos vrais besoins, nous libérer de ce qui nous entrave, lâcher prise et se donner la permission d’être vraiment qui nous sommes, sans masque.

J’ai pour exemple celui d’une cliente, appelons la Claire, venue me consulter à mon cabinet pour l’aider à mieux gérer ses relations avec ses deux garçons. L’un de ses garçons, 15 ans, est déscolarisé pour phobie scolaire, avec une grande peur de l’échec, et donc reste à la maison toute la journée. Claire ne s’arrête jamais, veut que tout soit parfait, ce qui finit par se répercuter sur son état de santé. Le soir, alors que Claire serait pourtant ravie de partager un bon moment avec son fils, elle constate qu’il n’a pas fait de ce qu’elle lui avait demandé et cela déclenche pour elle une réaction intense de colère. Elle « pète les plombs », le traite de fainéant… . Il finit par claquer la porte et passe la soirée dans sa chambre. Claire est désolée, en proie avec de nombreuses émotions contradictoires : culpabilité, peur qu’il ne réussisse pas, colère….

En séance  individuelle avec moi, nous avons pris le temps d’accueillir toutes ces émotions : un profond sentiment d’impuissance et de vulnérabilité, le besoin d’anticiper chaque problème et de trouver une solution, toujours, pour garder le contrôle, faire face à L’impuissance. Il faut FAIRE quelque chose !  Accueillir aussi son besoin d’être aimée pour ce qu’elle est même si elle ne réussit pas, son besoin de lâcher prise et de détente dans la relation à elle-même et à ses enfants.

Grâce aux Méthodes PEAT, Claire a pris conscience de tous les bénéfices secondaires qu’elle avait d’entretenir ce schéma, qui la protégeait de ses peurs, de son propre parent intérieur bien trop sévère, de la culpabilité de ne pas « être » assez bien, de ne pas protéger les siens.

Elle a dû accueillir son impuissance de ne pas tout contrôler, accueillir ses peurs, les accepter, profondément, se donner assez d’amour pour leur faire de la place et se traiter avec douceur, et transmuter ces blocages. Pour ensuite accepter cela chez son fils. Celui-ci, par sa peur des autres et de l’échec, faisant miroir à sa mère, comme pour l’inviter à se pencher sur elle-même et à guérir toute la lignée de ce schéma.

Progressivement et à mesure de ce travail intérieur dans lequel claire a remis de la conscience et de la présence dans sa relation à elle-même, son fils s’est apaisé et a commencé à être moins en réaction face à la peur de l’échec.

Être vrai avec nous même, et être vrai avec son enfant : cela nécessite d’abord d’arrêter de se protéger en se jetant dans l’action, faire une pause pour entendre ce qui me fait souffrir, retrouver son état de vulnérabilité pour retrouver sa vérité intérieure. Y retrouver aussi son enfant intérieur, sa spontanéité, en lien avec chaque instant, au présent.

Les élever, c’est aussi à mon sens leur donner cet exemple et cette permission à être, dans leur vérité et en se respectant, donc en s’acceptant comme ils sont, dans l’instant, plutôt que de devenir aux aussi des adultes puis des parents « parfaits », coincés dans leurs exigences.

Papa, maman, je te rencontre dans ta vulnérabilité comme dans tes forces, mais je te rencontre vraiment. Et en te rencontrant je me donne l’autorisation d’être en contact avec mon être. Nous initions cela dans l’éducation que nous donnons à nos enfants.

Chaque fois qu’à l’intérieur de moi il y a un besoin ignoré, un manque de cohérence, de conscience, une croyance erronée et limitante, mon enfant va venir appuyer sur le bouton en provoquant chez moi une réaction.

Je me souviens de moments à table avec mes propres enfants, pendant lesquelles, malgré mon intention et mon besoin sincère de passer un moment de détente avec eux, les conflits entre eux arrivaient bien vite ce qui provoquait chez moi une réaction et un ton bien trop autoritaire à mon gout. Je ne comprenais pas. Avec un Deep PEAT (une des techniques des Méthodes PEAT), j’ai reconnu et libérer en moi mes peurs face aux réactions de mon père dans mon enfance, sa propre autorité abusive.  Les repas sont devenus bien plus tranquilles et joyeux, et cerise sur le gâteau, mes enfants ont arrêté de se disputer ! Quels fins stratèges ils font !

 

Stop au stress ! Vers des relations familiales plus épanouissantes

 

Bien sur ce que nous vivons avec nos enfants ne nous renvoie pas toujours à des émotions aussi intenses. Mais tous ces moments familiaux nous invitent à vivre dans la présence à nous même, ici et maintenant, et à prendre soin de nous-même.

J’insiste sur un point : au départ cela demande un effort, un choix conscient :

  • Celui de sortir des mécanismes automatiques, des conditionnements liés à notre éducation et aux modèles sociétaux pour devenir créatrice de notre bien-être.

Pour cela, il faut décider de réapprendre à écouter ce qui se passe en nous. De nombreuses techniques de relaxation, de respiration, de méditations sont maintenant facilement accessible pour apprendre à retrouver le calme en soi, se recentrer dans notre espace intérieur, trouver un espace de conscience et de présence qui me donne accès à moi-même, à mon ressenti. Apprendre à faire cela est déjà une première condition indispensable si l’on veut s’écouter et s’occuper de soi.

Quand j’ai travaillé toute la journée, puis je m’autoriser à écouter ce dont j’ai besoin dans cet instant-là ?

Cela demande un lâcher prise, sortir de la focalisation vers l’extérieur, du faire, pour descendre en soi, se déposer, écouter ce qui est là, ce que je ressens dans mon corps, quel est mon état d’être, quelle est cette tension ? Que me propose mon énergie intérieure à cet instant ? quelle est ma disponibilité à moi-même, à l’autre, quel est mon besoin ?

Si j’accepte de m’occuper de mon besoin à ce moment-là, et si je m’autorise à l’exprimer à l’autre, je vais passer un moment de plaisir avec moi-même, je me dis oui, je me choisis, je me donne de l’amour.

Et quand je sors de l’urgence et que je me pose, que j’honore mes différents besoins, le temps se rallonge. La perception de ce que nous avons à faire est différente, nous avons l’impression d’être moins débordées, tout est plus fluide, facile.

Est-ce mon besoin de l’instant c’est de simplement ne rien faire sur le canapé, sans me sentir fautive et respecter mon besoin de récupération, juste d’être sans rien anticiper d’autre ? Est-ce que c’est de faire une séance de relaxation dans ma chambre pour revenir ensuite disponible à mes enfants, dans un renouveau intérieur. « Les enfants je suis fatiguée et là j’ai vraiment besoin d’être un peu seule. Je prends 20 minutes pour moi et ensuite je vous raconterai l’histoire que vous m’avez demandé… ».

Quelle qualité de relation je vais donner à l’autre si je ne prends pas soin de moi, que je suis vidée, frustrée, en colère ? Si mon enfant me demande de l’attention et de la présence et que je ne n’arrive même pas à être présente à ce qui se passe en moi, dans un parasitage intérieur permanent ?

« Si je prends soin de l’autre en me négligeant moi-même, j’entretiens la négligence et non pas le soin » Thomas d’Amsembourg

Sortir des codes de notre éducation pour nous réinventer

sortir des codes de son éducation

 

Nous avons souvent du mal à installer cette écoute de nous-même, par peur de nos émotions, peur du vide … Mais si nous ne le faisons pas, Nous sommes bien souvent manipulées à notre insu par les programmes inconscient bien ancrés depuis des générations dans l’histoire familiale.

Et tant que nous n’écouterons pas ces vieux disques, la vie se chargera de nous présenter ce qu’il faut pour appuyer sur le bouton « play again », jusqu’à ce que nous soyons en cohérence avec nous-même et nos besoins.

J’aimerai vous parler de l’histoire d’une autre cliente. Appelons là Sarah. Sarah tombe amoureuse, se marie, et se retrouve maman de deux jumelles. Jusque-là tout va bien !

Son mari a eu d’un précédent mariage trois filles, maintenant toutes adolescentes, perturbées par la relation à une maman fragile psychologiquement.

Et là la vie s’en mêle : la maman ne peut plus s’occuper de ses filles et le juge octroie la garde permanente au père.

Sarah se retrouve au beau milieu d’une famille recomposée de 5 filles, pas toujours très zen à la maison. En plein confinement et sans les temps à l’école pour temporiser. Sarah se retrouve en proie à un profond mal être, à un sentiment d’être envahie sans rien pouvoir contrôler. Elle n’arrive pas à dire quand ça ne va pas, à se positionner. En effet cette situation fait remonter ce qu’elle a vécu avec sa propre mère, dépressive, sans le reconnaitre et sans se faire aider. Elle déversait sur elle son angoisse sans qu’elle puisse mettre de limites pour se protéger. Elle se sentait dans une profonde insécurité et anticipait tous les besoins de sa mère pour que « tout se passe bien » et éviter les moments difficiles.

Sarah va d’abord jouer la carte de la famille recomposée « idéale », ou elle s’occupe de tout le monde, avec de joyeuse tablée ou tout le monde… « s’engeule ».

Elle est aussi de plus en plus en colère et agressive, y compris avec son mari, et reproche à tout le monde cette situation, provoquant de la culpabilité chez les autres. Pourtant elle ne se positionne jamais sur ses ressentis et ses besoins. Elle est coincée dans un sentiment d’injustice, en hypervigilance pour anticiper les besoins des ados et éviter les débordements émotionnels.

En séance, Il lui faudra prendre conscience de ce scénario dans lequel elle se coupe elle-même des autres en les accusant de ses malheurs, son sentiment de ne pas mériter le bonheur et de ne pas avoir le droit de penser à elle. Elle découvre aussi qu’elle se positionne comme une victime malheureuse pour quémander l’attention des autres et ainsi avoir du pouvoir sur eux. La victime est ainsi toujours aussi un persécuteur et si vous ne prenez pas soin de vous, ce sont les enfants qui le payeront.

Ses belles filles ont été le déclencheur de cette crise, une crise salvatrice pour qu’elle puisse commencer à prendre conscience de sa peur de l’envahissement, de son incapacité à s’occuper d’elle, et mette en place une nouvelle façon d’être en relation avec elle-même et les autres.

Ces prises de consciences ont été d’abord douloureuses mais lui ont permis de devenir responsable de ses comportements.

Elle écoute maintenant ce qu’elle ressent, exprime clairement ses besoins et met en place des actions concrètes pour mener une vie dans laquelle elle se respecte. Par exemple, elle décide de partir en vacances seule avec ses deux jumelles en bas âge et de laisser le papa partir avec ses ados qui ont d’autres besoins. Comme c’est juste pour elle et qu’elle le vit sans se sentir fautive, tout le monde l’a bien accepté et chacun a passé de bonnes vacances de son côté pour se retrouver ensuite avec plaisir.

Le soir à la maison, si elle n’a pas envie de participer au repas commun, qui était auparavant source d’angoisse pour elle, elle le dit tranquillement et s’organise pour que chacun mange à son rythme… Elle a surtout renoncé à gérer les besoins des autres et à tout contrôler (ce qui créait une tension permanente chez tout le monde), pour s’occuper de ses propres besoins.

Et finalement tout le monde est plus détendu et plus vrai ! Elle invente chaque jour sa propre famille recomposée avec de nouveaux codes.

Cela demande le courage de remettre en question l’éducation que l’on a reçu et intégré, avec lucidité. Remettre de la conscience dessus car, si nous pouvons penser que nous n’avons pas choisi nos parents et notre éducation, nous sommes par contre responsables de ce que nous en faisons.

 

Avoir une maman heureuse ! Un atout pour la vie !

 

J’ai pour ma part été éduquée par une maman « ancienne génération ». A cette époque, bien souvent, même si les parents se détestaient, ils restaient ensemble « pour le bien des enfants ». Mon dieu que j’aurais aimé qu’ils divorcent pour ne pas vivre au milieu de ces tensions permanentes !

J’avais une maman qui vivait pour ses enfants, se sacrifiait, ne sortait jamais, ne s’occupait jamais d’elle, s’oubliait complètement.

Pour moi, s’occuper de mes besoins et me donner autant d’amour que j’en donnais à mes enfants n’a pas été de soi. Je m’occupais de tout le monde en ignorant ma fatigue et mon ras le bol, allant jusqu’à me faire mal et même un jour à me casser une jambe. Mon corps me sommait de m’arrêter de courir et de me disperser. Avec un nourrisson qui ne marchait pas encore et une maison à escalier, je vous laisse imaginer le tableau !

J’ai dû apprendre à me donner le droit de « décrocher », faire des choses pour moi, ne pas être centrée exclusivement sur mes enfants.

J’avais cet exemple de ma mère intégré en moi : une mère malheureuse, débordée et plaintive, mais qui ne mettait rien en place pour vivre des moments de plaisir, de convivialité, de détente.

J’aurais aimé avoir une mère rayonnante, suivant ses envies, ses instincts, sortant avec ses copines, se battant pour donner à sa vie le sens qu’elle voulait, une mère « imparfaite et heureuse !  Cela m’aurait appris naturellement à me donner ce droit à l’épanouissement.

En s’écoutant, en s’autorisant à faire ce qui est bon pour nous et à nous épanouir, nous apprenons à nos enfants à se reconnaitre comme légitimes dans l’écoute et la satisfaction de leurs propres besoins. Nous leur apprenons à être connectés à eux mêmes et à aimer tout ce qu’ils sont, dans leurs forces comme dans leurs difficultés.

Chaque fois que nous rayonnons, nus donnons automatiquement aux autres la permission de faire de même.

 

La plénitude plutôt que la perfection

 

En étant en relation avec nos enfants à partir de cet espace d’amour et d’écoute de soi-même, nous créons un espace pour une vrai rencontre, qui va nous faire grandir en permanence. Nous nous élevons en les élevant.

Arrêter de se mettre la pression pour arrêter de leur mettre la pression. Ne pas chercher la perfection mais la plénitude.

Retrouver grâce à eux cet espace de joie et de jeu en nous. Nous oublions trop souvent cet enfant en nous qui veut jouir de tout, connecté en permanence à ses besoins et les exprimant haut et fort. Car c’est la « mission » la plus importante que nous avons en venant au monde : s’aimer, et s’accomplir.

Si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place. Dansons la vie avec eux, amusons-nous, soyons moins sérieuses et plus légères.

S’occuper de nos besoins c’est le plus beau cadeau que nous pouvons nous faire et que nous pouvons leur faire !

 « La vie nécessite pour son épanouissement non pas de la perfection mais de la plénitude « C. G. Jung

 

Quelques conseils pratique pour diminuer votre stress parental et apprendre à vous occuper de vos besoins

 

Vous savez maintenant que diminuer son stress et s’occuper de soi est une démarche, un effort conscient au départ, pour qu’ensuite cela devienne une évidence. A partir d’un certain moment, quand nous avons clairement pris conscience de la maltraitance que nous nous infligeons à ignorer nos besoins et que nous commençons à vivre avec plus de douceur pour soi-même, nous ne pouvons plus revenir en arrière. Il nous devient insupportable de ressentir autant de tensions intérieures. Nous réalisons que ce qui est naturel, c’est de ressentir et d’exprimer dans notre vie la paix, la fluidité, la cohérence intérieure, l’unité.

Mais pour commencer, voici quelques outils qui peuvent vous aider.

  • Bien commencer la journée : commencez par vous-même : preniez le temps le matin avant d’aller vous occuper des autres de vous occuper de vous-même : pour moi ce qui est essentiel c’est de méditer, même sur une courte période, pour m’installer dans mon centre, dans une douce présence qui va m’accompagner toute la journée. Ce centre et cette présence devient progressivement un centre de référence dans lequel je peux me poser à chaque fois que j’en ai besoin car je me sens trop dispersée.

Alors trouvez pour vous une méthode qui vous convient : sophrologie, cohérence cardiaque, yoga… et si vous n’en connaissez pas tournez-vous vers un professionnel qui pourra vous guider. Cela vaut le coup !

  • L’intention qui me guide : toujours le matin, inscrivez en vous cette intention d’être bienveillant avec vous-même, de vous écouter et de vous honorer. Ressentez tout l’amour que vous êtes capable de donner à vos enfants et décidez de vous accompagner avec cette même qualité d’amour. Vous pouvez également vous projeter au soir de votre journée en vous voyant entrain de rayonner la joie et l’épanouissement, en ressentant toutes les émotions positives que cela vous procure. Ressentez aussi à quel point cela fait du bien à vos enfants et à tout votre entourage. Laisser venir en vous l’image et le ressenti de personnes que vous connaissez qui ont ce rayonnement et voyez à quel point elles sont bénéfiques pour les autres.
  • Mettez des panneaux de signalisation « Pause-conscience » dans votre journée : plusieurs fois dans la journée, posez-vous quelques instants en respirant profondément, sans rien faire et écoutez ce qui se passe : comment je me sens ? Quel est mon besoin de l’instant ? qu’est qui est essentiel pour moi maintenant ? Rien que ce « Reset » de quelques minutes vous permet de vous réinitialiser et de vous ramener dans votre « essentiel ».
  • Faites de même avec vos enfants : quand vous êtes avec eux, veillez à prendre un moment pendant lequel vous êtes vraiment avec eux, sans exigences avec vous-même ou avec eux, juste là. Laissez-vous être, foutez vous la paix et ouvrez-vous au possible de l’instant. Retrouver avec eux et grâce à eux votre nature spontanée qui peut jouer et s’émerveiller d’un rien. En un mot « lâcher prise » et décidez d’être heureuse !

 

Elisabeth Borrell, praticienne et formatrice Méthodes PEAT